Brève : Des nouveaux canaux physiques en parallèle de la raréfaction des agences

Les canaux à distance ne sont pas les seuls à concurrencer les agences bancaires traditionnelles, dont le nombre est désormais voué à diminuer en France. En février, BPCE avait fait tomber le tabou chez les mutualistes en rejoignant la liste des groupes qui communiquent ouvertement sur leurs projets de fermetures. De nouveaux points de contacts physiques proposent peu à peu des offres bancaires.

Le rachat le 4 avril par BNP Paribas de 95 % de Financière des paiements électroniques (Compte Nickel) s’accompagne de l’ambition de proposer « le plus vite possible » le Compte Nickel dans 10 000 bureaux de tabacs, contre plus de 2 500 aujourd’hui. « Il est prévu […] que la Confédération et BNP Paribas étudient ensemble tout projet contribuant à la modernisation du réseau des buralistes », indiquait Pascal Montredon, président de leur Confédération des buralistes, début avril. Si la marque et l’offre du « compte sans banque » doivent rester distinctes au moins dans un premier temps de BNP Paribas, le groupe bancaire estime que ce rachat lui permet de « toucher tous les déciles de la population française », dans le réseau de buralistes « qui représente le meilleur ancrage local », selon Thierry Laborde, DGA de BNP Paribas [1]. Par ailleurs, la banque, qui a fermé 236 agences entre 2012 et 2016, va continuer à en fermer au même rythme. D’ici à imaginer un scénario d’anticipation dans lequel à l’avenir des corners BNP Paribas seraient accessibles pour tous dans les bureaux de tabac, complétés par un réseau restreint d’agences dédiées au conseil et aux opérations complexes…

« Les banques ne peuvent pas faire autrement que de s’adapter à l’émergence des FinTechs et aux bouleversements en cours. Elles vont vraisemblablement accélérer la diminution de leurs réseaux traditionnels, et utiliser de nouveaux canaux de contact », commente Régis Dos Santos, président du SNB / CFE-CGC. Autre nouveau réseau de distribution d’offre bancaire : les boutiques Orange ! À partir du 6 juillet, Orange Bank [2] sera proposée dans 140 boutiques du réseau (et bien sûr en ligne et via l’application mobile). Des conseillers sont formés pour proposer l’ouverture de compte dans ces boutiques mais pour le reste des échanges avec la banque, une équipe de plus de 100 personnes constituera le centre de relation client Orange Bank à distance, qui pourra prendre la relève si le chat initial avec le conseiller virtuel Watson n’est pas suffisant.

Depuis le 18 avril, plus de 3 000 magasins Carrefour proposent la carte C-zam (également vendue sur rueducommerce.com), offre de compte courant avec carte de paiement sans découvert possible ni chéquier, assez proche du Compte Nickel [3]. Les banques ont rêvé de transformer les agences en boutique… Carrefour l’a presque fait. La carte Mastercard est vendue en libre-service en rayons dans un petit coffret en carton.

« Je pense que l’on va vers une redistribution des canaux. Aujourd’hui, il y a les sites Internet, les applications… et les agences physiques servent essentiellement à rencontrer un conseiller généraliste. Demain, de nouvelles formes de distribution vont sans aucun doute apparaître et s’orienteront, par exemple, vers les réseaux sociaux… voire, pourquoi pas, vers les grandes chaînes de distribution, dans les petits supermarchés de centre-ville qui se sont beaucoup multipliés et qui pourraient devenir des points de contact pour les services bancaires de base. Les agences physiques, quant à elles, perdureront mais avec essentiellement des conseillers “spécialistes-experts” », analyse Régis Dos Santos.

Reste à voir comment évolueront d’une part la redistribution des parts de marché entre acteurs traditionnels et nouveaux acteurs, certes parfois rachetés par ces derniers, et d’autre part ces nouveaux canaux physiques alternatifs. « Nous attendons aussi de voir la banque mobile que va lancer La Banque Postale fin 2018, et ce que BPCE va faire avec Fidor », complète Régis Dos Santos.

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