Brève : Les autorités renforcent leur collaboration contre les escroqueries financières

Sur les deux dernières années, les offres d’investissement ou de crédit frauduleuses ont représenté au bas mot un milliard d’euros. C’est le bilan dressé par le Parquet du Tribunal de Grande Instance de Paris (TGI), l’Autorité des marchés financiers (AMF) et l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR). Selon une étude de l’AMF, les plus de 50 ans représentent plus de 65 % des victimes et 81 % de l’ensemble des sommes perdues. Mais aucune tranche d’âge ni catégorie socioprofessionnelle n’est à l’abri.

Une professionnalisation croissante des escrocs

« La tendance 2019 est à la fragmentation des offres, qui permet aux escrocs de passer sous les radars, d’où l’essor des sites multi-produits : diamants, crypto-actifs, forêts, vins ou cheptels », dépeint Claire Castanet, directrice des relations avec les épargnants à l’AMF. « Cet été, le clonage de sites a explosé : ils reprennent les caractéristiques visuelles de ceux des banques autorisées, avec des variantes à peine perceptibles », signale Nathalie Beaudemoulin, directrice du contrôle des pratiques commerciales à l’ACPR. Les autorités signalent l’habileté et l’insistance des nouveaux escrocs. « Ils font preuve d’une professionnalisation croissante, souligne Laurent Combourieu, directeur des enquêtes à l’AMF. Ils s’appuient sur des prestataires licites, chargés du référencement et de la publicité sur les sites internet, et sur d’autres moins honnêtes, chargés de récupérer des bases de données clients, d’ouvrir des comptes de collecte en vue du blanchiment d’argent, ou de monter des call-centers. Ils recourent aussi très fréquemment à l’usurpation d’identité. » Les sommes versées sont systématiquement virées vers des pays peu coopératifs sur le plan judiciaire.

Des dispositifs déployés par les autorités

Aujourd’hui, plus de mille sites frauduleux sont répertoriés sur les cinq listes noires du site Assurance Banque Épargne Info Service (ABEIS), géré par l’ACPR, l’AMF et la Banque de France. « L’association Signal Spam, qui collecte les mails reçus par les épargnants et exerce une veille sur les réseaux sociaux, nourrit abondamment ces listes », précise Claire Castanet, à l’AMF. En 2018 et 2019, l’AMF a obtenu le blocage de 50 adresses internet de sites illégaux d’investissement, portant à 178 leur nombre depuis 2014. « L’interdiction de la publicité par voie électronique sur des produits considérés comme spéculatifs et risqués figurant dans la loi Sapin 2, et l’interdiction de démarchage pour les actifs numériques sans visa de l’AMF, dans la loi PACTE, ont facilité notre travail », indique Claire Castanet. L’AMF a lancé à la rentrée une campagne de témoignages en vidéo, ainsi qu’une nouvelle application mobile, AMF Protect Épargne, pour alerter les épargnants. G. D.

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