Anne Hidalgo veut racheter des logements Airbnb pour les remettre sur le marché

Airbnb et certains propriétaires louant leur logement sur la plateforme ont été fortement touchés par la crise sanitaire de COVID-19, ainsi que les restrictions toujours en place limitant l’activité touristique. Dans l’éventualité d’un prochain mandat, Anne Hidalgo a fait part de sa volonté de racheter certains logements Airbnb afin de les louer « à 20 % du prix du marché ».

« Profiter » de la crise de COVID-19 pour racheter des logements Airbnb

Airbnb a été fortement touché par la crise de COVID-19 : mesures de confinement, clientèle aux abonnés absents et tourisme fortement impacté. En outre, d’autres problèmes ont été mis en évidence durant le confinement, notamment des usages détournés d’Airbnb (drogues, prostitution…).

Anne Hidalgo a donc annoncé sa volonté de racheter des logements Airbnb dans le but de les remettre sur le marché locatif. « Je suis heureuse que ce modèle prédateur, parce qu’il a retiré beaucoup de logements à la location de longue durée […], ait montré ses limites », a-t-elle confié en référence aux difficultés éprouvées par la plateforme. « Le fait que ces appartements-là ne sont plus loués en location saisonnière va peut-être nous permettre de les remettre dans la location longue durée », a-t-elle ajouté.

Louer ces logements « à moins de 20 % du prix du marché »

Et l’actuelle maire de Paris ne compte pas seulement racheter ces logements, mais également les louer « à moins de 20 % du prix du marché », a-t-elle précisé. Cette décote pourrait permettre d’insérer ces logements dans un marché intermédiaire entre logement social et le logement privé. Pour arriver à ses fins et si elle gagne les prochaines élections municipales de 2020 pour la mairie de Paris, Anne Hidalgo compte créer une société d’économie mixte.

Une société d’économie mixte est une société anonyme dont le capital est détenu en majorité par une ou plusieurs personnalités publiques (l’État, la collectivité…). Une telle société a pour objectif de servir l’intérêt général et peut de facto procéder à des travaux d’aménagement, de construction ou encore de services publics.

« Beaucoup de logements Airbnb sont aujourd’hui vacants », remarque Ian Brossat, adjoint en charge du logement dans la capitale. Il est plausible qu’à Paris, on ne reverra pas un afflux massif de touristes dans les mois à venir », analyse-t-il. « Notre cible, ce sont les propriétaires qui ont acheté des logements pour faire du Airbnb, qui ont contracté des emprunts et qui risquent donc de faire défaut », ajoute-t-il encore.

Airbnb représenterait 26 000 logements à Paris

« Si je suis élue cette proposition fera partie des premiers actes que je poserai parce que la question du logement est cruciale à Paris », a fait valoir Anne Hidalgo, tout en rappelant qu’Airbnb représenterait quelque 26 000 logements dans la capitale.

Mais certains ont des doutes quant à une telle mesure. « L’idée est intéressante, mais je ne vois pas comment elle peut fonctionner. Dans un secteur en tension, comment faire en sorte que les propriétaires acceptent de vendre leur bien à la Ville et pas à un autre acheteur ? », souligne Pierre Madec, spécialiste des questions immobilières à l’Observatoire français des conjonctures économiques. Il prévient notamment contre un « effet néfaste » de la mesure. « Si les logements sont rachetés par la Ville au prix du marché, cela va soutenir la demande, avec un risque inflationniste », allègue-t-il.

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