Les stratégies des banques françaises intègrent de plus en plus la transition énergétique. Le 2 juillet 2019, elles ont renouvelé, avec l’ensemble de la Place financière de Paris, leurs engagements « pour franchir une nouvelle étape en faveur d’une finance verte et durable », après ceux pris en 2015 à l’époque de l’Accord de Paris qui invite à s’aligner sur un scénario de limitation du réchauffement à 2 °C. Les banques se sont engagées en juillet à contribuer à l’objectif national de neutralité carbone à horizon 2050. Elles vont notamment rendre public d’ici mi 2020 leur trajectoire de sortie du charbon, et poursuivre des travaux méthodologiques sur l’évaluation de l’exposition des portefeuilles au risque climat et leur alignement avec un scénario 2 °C.
La France vise la neutralité carbone à horizon 2050 avec sa stratégie nationale bas carbone, et l’État décline au fur et à mesure ses objectifs, comme la rénovation de 300 000 logements par an sur la période 2015-2030 puis 700 000 en 2030-2050 par exemple. Des mesures d’incitations publiques accompagnent ces objectifs, comme l’éco-PTZ qui a été simplifié le 1er juillet pour être plus attractif. Ces incitations évoluent et dépendent parfois d’arbitrages budgétaires ou politiques. La prime à la reconversion automobile, élargie au 1er janvier 2019 dans le sillage du mouvement des « gilets jaunes », a été revue à la baisse au 1er août alors que son coût aurait dépassé le budget initial. Elle a depuis été à nouveau modifiée et « verdie ». Or la France vise la fin de la vente des véhicules dits thermiques en 2040 et 31 % des émissions de gaz à effet de serre proviennent des transports, dont 95 % du trafic automobile et 55 % des déplacements des particuliers.
Les banques se saisissent de ces incitations et sont de plus en plus volontaristes pour financer et accompagner la transition énergétique. Ce financement n’est pas uniquement l’affaire de gros projets, de politiques sectorielles d’exclusion du charbon et de green bonds. La banque de détail, dont l’activité de prêts représente 60 % de l’actif total des banques françaises, a son rôle à jouer, auprès de ses clients particuliers mais aussi entreprises. Sur 45 milliards d’euros investis en France en faveur du climat en 2018, 12 milliards ont été délivrés par les banques sous forme de prêts, dont les deux tiers par la banque de détail, selon le Panorama annuel de I4CE.
Rénovation énergétique des bâtiments et acquisition de véhicules propres concernent les particuliers mais aussi les clients entreprises. La banque de détail France de BNP Paribas par exemple a mis en place un dispositif global pour financer les acteurs des énergies renouvelables et accompagner la transition de toutes les entreprises avec une enveloppe de 3 milliards d’euros. Au troisième trimestre, les encours de crédits aux entreprises de la banque de détail de BNP Paribas en France s’élevaient à 79,6 milliards d’euros. Les banques comme les autres financeurs financent inévitablement l’existant.
Les engagements des banques répondent aussi à des évolutions sociales. Le 11 décembre 2018, au plus fort du mouvement des gilets jaunes, elles se sont engagées à proposer une offre de financement à des conditions préférentielles pour l’acquisition d’un véhicule propre neuf ou d’occasion ou des équipements de la maison moins énergivores.
« On est encore loin de l’alignement sur l’Accord de Paris », indiquait Finance for Tomorrow le 25 novembre. « Nous avons conscience du chemin qui reste à parcourir », reconnaît le Manifeste climat des banques françaises publié le même jour. Un changement d’échelle sera nécessaire pour financer la transition énergétique et atteindre la neutralité carbone en 2050.
Les acteurs financiers sont incontournables, mais ils sont une partie d’un écosystème qui les lie aux Pouvoirs Publics ainsi qu’aux clients, particuliers et entreprises, dont la demande, si elle trouve une offre et des incitations adéquates, contribuera à l’élaboration d’une économie décarbonée.
Achever de rédiger le 25 novembre 2019.