Efficace mais marginal, l’autopartage en quête de développement

Si elles sont nombreuses, les alternatives à la voiture ne connaissent pas toutes le même succès. Parmi elles, l’autopartage. Selon une étude ce service a convaincu plus de la moitié de ses clients à se passer de voiture individuelle. Problème : son usage reste encore bien trop marginal.

L’autopartage en boucle

Très efficace mais insuffisamment pratiqué. Le bureau de recherche spécialisé dans les questions de mobilité 6t a publié ce jeudi une étude sur l’évolution des usages en France. Parmi ces nouveaux usages, l’étude s’est penchée sur le cas de l’autopartage. Un sujet d’actualité puisque ce service de location de voitures mises en libre accès est très prisé depuis le début de la grève des transports. Si 6t n’évoque bien évidemment pas le contexte social actuel, son étude met en exergue le fait que l’autopartage permet de réduire considérablement le recours au véhicule personnel. Elle pointe néanmoins du doigt que son impact est encore bien trop marginal.

Basée sur les réponses de près de 3 700 sondés, l’enquête de 6t s’est particulièrement concentrée sur les offres d’autopartage « en boucle », c’est-à-dire celles qui permettent d’utiliser un véhicule pour seulement quelques heures ou un week-end, pis de le rapporter au point de départ. Cette pratique se distingue du célèbre free-floating ou l’utilisateur peut laisser la voiture où il le souhaite. S’il existe depuis près de 40 ans, le service en « boucle » reste bien moins connu que celui en free-floating, popularisé par Autolib’.

Le nombre de jours d’utilisation d’un véhicule personnel réduit de 31 %

Moins célèbre mais pourtant plus utilisé. Aujourd’hui l’autopartage domine le marché français, et ce, « que ce soit en nombre d’opérateurs ou en villes desservies », souligne le bureau de recherche. Il faut dire que pour les agglomérations le service présente de nombreux avantages. Il s’agit en particulier d’un levier particulièrement efficace pour ces villes désirant réduire l’usage de voiture individuelle dans leur centre. L’étude indique ainsi que 68 % des « autopartageurs » ont arrêté d’utiliser leur auto particulière et parmi eux 77 % estiment ce service suffisant pour répondre tous leurs besoins.

En moyenne, l’inscription à un service d’autopartage permet de diminuer de 31 % le nombre de jours d’utilisation d’un véhicule personnel. Elle a également pour incidence d’augmenter l’usage des transports en commun (+ 6 %) et du vélo (+ 10 %).

S’ils se laissent convaincre par l’autopartage, c’est parce en effet qu’ils disposent d’une alternative. En Ile-de-France, 52 % des « autopartageurs » utilisent les transports en commun. Pour ceux qui habitant en province, 42 % ont recours quotidiennement à leur vélo. L’autopartage est ainsi perçu comme une alternative ponctuelle, que ce soit pour aller faire des courses ou voir un ami.

Continuer à contraindre l’usage des voitures dans les villes

Efficace pour les villes, cet usage reste pourtant marginal selon le rapport. Le rapport estime que le parc automobile pourrait être réduit de 12 500 à 20 000 automobiles grâce à l’autopartage, soit un grain de sable dans un désert. En France on recense près de 32 millions de véhicules immatriculés. Il en va de même pour la réduction du nombre de kilomètres parcourus en voiture : moins 100 millions sur un total de 674 milliards.

Pour comprendre ce faible recours à l’autopartage, l’étude évoque en particulier l’émiettement du marché. « Nous avons recensé 228 opérateurs d’autopartage dans le monde. Sur ce total, 62 % sont présents dans une seule ville ! Cela s’explique : pour être rentable, l’autopartage demande une excellente connaissance du contexte local », explique Nicolas Louvet, fondateur et directeur de 6t. Pour y remédier, Nicolas Louvet voit bien une solution : « La poursuite des politiques contraignant l’usage des voitures dans les centre-villes est un levier efficace pour développer l’autopartage ».

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