Le marché du vélo n’a pas connu la crise, mais pourra-t-il tenir la cadence ? Alors que la demande ne faiblit pas, l’acheminement des pièces détachées devient de plus en plus difficile, ce qui pourrait faire grimper le cout des bicyclettes dans les mois qui viennent.
Une année 2020 sur les chapeaux de roues
Et si le miracle prenait fin pour l’industrie du vélo ? Le secteur vient de vivre une année 2020 mirifique, telle qui ne l’aurait jamais espérée. Les chiffres des ventes totales sont encore inconnus, mais l’on sait que ce marché, qui croit habituellement de 10% par an, a connu, au printemps dernier, des ventes en hausse de plus de 110%, par rapport à une année plus tôt.
Au commencement, il y eut la grève. La mobilisation contre la réforme des retraites en novembre et décembre 2019 (une éternité !) avait en effet réduit l’accessibilité des transports publics durant plusieurs semaines. Les Français, en particulier franciliens, avaient alors adopté à grande échelle les vélos, électriques ou non, ainsi que les Engins de Déplacement Personnel Motorisés (EDPM) : trottinettes électriques, gyropodes, planche à roulettes électriques, et autres hoverboards.
Rien ne prédestinait pourtant cette tendance à se perpétuer ensuite, et d’autant moins que nombre de cyclistes étaient alors de simples loueurs de vélos, auprès des nombreuses plateformes existantes. Au point que nous nous demandions, il y a tout juste un an : les Français pédaleront-ils toujours après la grève ?
Une industrie qui ne connait (presque) pas la crise
Et bien oui, et plus que jamais. La pandémie de Covid-19, que nous n’avions pas encore vu arriver, a abouti rapidement au premier confinement. Quand il a pris fin, pour éviter les transports publics, les Français sont repartis de plus belle sur leurs bicyclettes. Ils y ont été d’ailleurs fortement incités, avec les aménagements du Plan vélo, et l’aide de 50 euros fournie par le « Coup de pouce vélo » (qui est d’ailleurs prolongé jusqu’au 31 mars).
Après une année exceptionnelle, mais de circonstance, l’engouement ne semble toujours pas retomber. L’Institut d’études Xerxi table sur un marché qui continuera à croitre d’environ 10% jusqu’au moins 2023, pour finir par peser près de 3,5 milliards d’euros (en 2019, il cumulait 2,3 milliards d’euros de chiffre d’affaires).
Seulement voilà, une croissance aussi soutenue ne vas pas sans quelques difficultés, surtout en temps de pandémie. Les fabricants de vélos, en flux tendus depuis des mois, commencent à avertir qu’ils ont de plus en plus de mal à honorer leurs commandes. Déjà, au mois décembre dernier, trouver un vélo à mettre sous le sapin s’apparentait à un miracle de noël.
Pénurie de pièces détachées
Dans le détail que se passe-t-il ? Comment un marché peut-il arriver à un tel point de surchauffe ? L’acheminement des pièces détachées pose un premier problème. Confrontés à une demande qui ne faiblit pas, les constructeurs n’ont pas pu anticiper les délais de production des dérailleurs, freins et autres pneus, en provenance majoritairement d’Asie.
C’est l’autre nœud du problème. Les contraintes sanitaires rendent de plus en plus difficile la livraison des pièces, ce qui renchérit d’autant leur coût (certaines se revendent déjà 10% à 30% plus chères qu’il y a quelques mois). Pour cette raison, le prix des vélos risque bien de grimper lui aussi dans les mois qui viennent. Ou, s’ils conservent un prix raisonnable, ils seront sans doute assemblés avec des pièces de moins bonne qualité.
Enfin, les effets du « coup de pouce vélo », qui a permis à près d’un million de particuliers de faire réparer ou réviser leur monture l’année dernière, sont également à ajouter à l’équation. Cette aide de 50 euros a en effet doper l’activité des réparateurs, c’était d’ailleurs l’une des bonnes nouvelles de l’après-confinement. Mais cette activité a elle aussi généré une forte demande de pièces détachées, et donc contribué à l’état de tension actuel du marché.
Pensez à assurer votre vélo si les prix grimpent
Il faudra donc s’armer d’une grande vigilance si vous parvenez à mettre la main sur un vélo dans les moins qui viennent. Si le prix est abordable, n’hésitez pas à vous renseigner sur l’origine et la qualité des composants. Et si vous devez payer un vélo au prix fort, pensez à l’assurer contre le vol, afin d’être indemnisé en cas de soucis. N’oubliez pas, pour finir, que l’immatriculation des vélos neufs est désormais obligatoire.