Régulateur des secteurs bancaire et assurantiel, l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) a livré des chiffres détaillés sur le marché hexagonal pour 2020
, mais également pour le 1er semestre 2021. Une mine d’informations et un constat : le secteur se porte bien. Certes, dans un environnement de crise économique, la rentabilité de la banque a fortement baissé sous l’effet des provisions (lire l’interview de Dominique Laboureix). Mais la place a parfaitement contribué à financer l’économie.
En 2020, la taille du bilan global des banques françaises s’est accrue, pour atteindre 9 641 milliards d’euros. Soit 423 % du produit intérieur brut, un chiffre supérieur au plus haut précédent de 2008. Les prêts constituent une part importante de cette hausse : les encours ont crû de 77 milliards d’euros sur les ménages (+6 %) et de 131 milliards d’euros sur les entreprises non financières (+15 %).
Le PGE bien supporté par les entreprises
Cette tendance s’est confirmée sur le premier semestre de l’année, avec des encours à nouveau en hausse, bien que plus modérée. L’ACPR se félicite de ce mouvement, mais il crée aussi des zones de vigilance. Pour l’heure, les prêts non performants sont sous contrôle : ils s’établissent à 2,6 % sur les ménages et à 3,9 % sur les entreprises non financières. Le débat repose naturellement sur le sort à venir des prêts garantis par l’État (PGE). À fin juin, 3,2 % des encours avaient basculé du côté des prêts non performants. Point positif : alors que la Banque de France s’attendait à ce qu’environ 10 % des entreprises rencontrent des problèmes de remboursement de leur PGE, elle estime désormais ce chiffre à 4 %. Côté ménages, c’est le développement du crédit immobilier qui interroge. Mais il est de plus en plus encadré par la décision du Haut Conseil de stabilité financière, devenue norme (voir Revue Banque n° 860, page 12).
La crise du Covid a généré des besoins de crédit, elle a aussi provoqué une flambée des dépôts (6 959 milliards d’euros au passif des banques fin 2020, contre 6 200 milliards d’euros un an plus tôt). Pour les ménages, la surépargne n’a pas profité à l’assurance vie. Ce placement affiche une décollecte de 7 milliards d’euros. Un résultat en trompe l’œil, surtout révélateur de l’évolution du business model du secteur – souhaitée par le régulateur – dans un environnement de taux bas. D’un côté, les unités de comptes, où le risque est porté par le client, ont collecté 23,9 milliards d’euros ; de l’autre, le fonds en euros, où le risque est porté par l’assureur avec un coût important en capital, s’est vidé de 30,9 milliards d’euros. Un mouvement similaire s’est produit au début de l’année 2021 (voir graphique).
Fonds en euros : sept trimestres consécutifs de décollecte
Le bilan des autres marchés assurantiels diffère, lui, non selon les supports, mais selon les branches. Certaines font l’objet, de la part de l’ACPR, d’une attention particulière : les catastrophes naturelles, dont les ratios combinés restent très élevés, ou les dommages aux biens professionnels et agricoles, où les ratios se sont fortement dégradés en 2020. À noter également, la forte hausse des provisions pour sinistre à payer dans le secteur de la santé, non sous l’effet d’une sinistralité accrue, mais d’une contribution exceptionnelle. Le rapport de l’ACPR fait aussi un point sur la situation financière du secteur. L’occasion de constater que la hausse – modeste mais réelle – des taux d’intérêt à long terme et leur passage en territoire positif ont des effets favorables. Le ratio de solvabilité des assureurs français s’établit ainsi à 251 %, en hausse de 9 points par rapport à fin décembre 2020. Il progresse plus chez les bancassureurs (+ 18 points) que chez les assureurs traditionnels (+ 4 points). Pour l’heure, ces indicateurs restent toutefois sous leurs niveaux de 2019. Côté bancaires, sur les principaux groupes, les ratios Core Tier 1 progressent tous entre la fin de l’année 2020 et le 30 juin 2021. Seule exception, le Groupe BPCE, avec un léger recul, lié au rachat de Natixis.