Assurance auto : Le “Bonus à vie”, un piège marketing ?

Le “bonus à vie” propose d’offrir à un bon conducteur un coefficient de réduction de 0,50 de façon indéterminée. Un produit attractif en apparence, mais qui se révèle en réalité trompe l’œil et limité.

Le système du bonus-malus, appelé plus techniquement coefficient de réduction-majoration, puise ses origines en France dans l’année 1976, le 11 juin plus exactement. Inscrit au Code des assurances, il offre aux assureurs la possibilité d’ajuster leurs tarifs de couverture auto en fonction de ce que leur coûte concrètement un conducteur en terme de sinistres. Un procédé qui appelle donc à la récompense, ou à la pénalisation. “Si vous ne rencontrez aucun sinistre responsable dans une année, vous bénéficiez d’un abattement de 5% sur votre cotisation l’année d’après. En termes clairs, on applique au prix de votre couverture un coefficient réducteur de 0,95, un bonus que vous avez acquis grâce à votre bonne conduite. Jusqu’à un maximum, prévu par la loi, de 0,50. Au niveau du malus, les choses changent un petit peu. Si vous avez un sinistre responsable, totalement ou partiellement, on vous appliquera un coefficient majorateur de 1,25 ou de 1,12″ explique pédagogiquement Floréal Sanchez, chargé de mission au pôle IARD (Incendie, accidents et risques divers) de la Macif.

Autre petite subtilité de ce système de coefficient réduction-majoration apparue en 1992, un détenteur du bonus maximum (0,50) pendant plus de 3 ans sans aucun accident à déplorer, sera exempté de l’application de malus lors de son premier sinistre responsable.

Le bonus à vie, de quoi il s’agit ?

A la différence du bonus-malus qui fait référence, lui, a un texte règlementaire, le “bonus à vie”, initié en 2007 par la Maaf, ne reflète qu’une invention commerciale. Un produit marketing pour appâter les bons conducteurs. Paradoxalement similaire à l’avantage du gel de franchise proposé par le bonus maximum, le “bonus à vie” offre, tel que son nom le mentionne, un bonus ad vitam eternam, même en cas d’accident responsable.

Les conditions pour obtenir ce privilège du “bonus à vie” ne sont toutefois pas à la portée de tous. Elles diffèrent en fonction des assureurs qui la proposent, même si certains sont communs. Ainsi, le produit ne se destine qu’aux véhicules 4 roues de moins de 3,5 tonnes, aux motos de plus de 80 cm3 et aux camping-cars. Le conducteur candidat, minimum de 16 années de détention du permis, doit pouvoir attester d’un bonus de 50% de façon ininterrompue au cours des 3 dernières années. La preuve sera demandée des 4 derniers avis d’échéances mentionnant un coefficient de 0,5.

Revers de médaille

Le “bonus à vie”, un concept donc révolutionnaire pour l’automobiliste, mais qui ne se révèle, dans la réalité, pas aussi séduisant que sur le papier. Sur les forums et groupes de discussion, les témoignages de conducteurs indignés se succèdent. Certains se sont même vus mettre à la porte par leur assureur au bout d’un second sinistre responsable, preuve que le bonus à vie était plus théorique que réel.

“Il y a quelques jours je reçois une lettre de la compagnie XXX ou je suis assuré depuis environ 15 ans. J’ai eu même sur un véhicule un “bonus a vie”. Je change de véhicule et là j’ai deux accident en moins de 6 mois, responsable a 50% (tort partagé). Et là qu’est ce que j’apprends ? Après de très longues années sans accident, je suis radié comme un malpropre. Donc je change d’assurance. Et là énorme surprise, je me retrouve avec un coéf de 0.63 après mes 2 accidents, alors que je devais avoir un bonus a vie depuis 2008″ témoigne lemust82 sur les arnaques.com

“Je réalise un devis avec un nouvel assureur. On me demande mon relevé d’information (là ou il y a mon bonus à vie). Et là, l’agent m’explique qu’il établit le tarif sur la base des informations de mon ancien assureur, soit un bonus de 0,62. Je lui explique que j’ai 50% car un bonus à vie, mais non, l’attestation ne fait figurer que 0,62″
déplore Supertaxi sur ciao.fr

Ainsi, si le “bonus à vie” semblait partir à la base d’une bonne intention, la moindre indulgence qu’il implique face aux seconds sinistres responsables et à la résiliation excessive le rend vide de sens. Conscients de ce manque d’utilité, certains assureurs ont préféré ne pas s’engager dans le produit en offrant à leurs clients des solutions palliatives mais plus efficaces : des réductions de 10% qui viennent s’ajouter au 50% de bonus maximum, des promotions conséquentes qui peuvent diminuer quasiment de trois-quart un tarif d’assurance auto.

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