Quelles leçons tirer de 2020 pour le futur du secteur automobile ?

L’année 2020 sera peut-être vue dans les décennies à venir comme celle de la grande bascule pour l’automobile. De nombreuses nouveautés de fond ont en effet affecté le secteur cette année, qu’elles aient été imposées par le Covid-19 ou non.

Une année historique pour l’électrique

2020 apparait tout d’abord comme une charnière pour l’avenir de la voiture électrique. Quatre ans seulement après le « Dieselgate » imputable à Volkswagen, le marché semble en effet avoir évolué en profondeur. Les voitures électriques ou hybrides sont devenues les modèles phares des constructeurs, à l’image du concours de la plus belle voiture de l’année 2020, qui voit concourir pour sa 36ᵉ édition, quatre voitures « vertes ».

Mais surtout, ce changement de mentalité s’est concrétisé dans des ventes, et plus que jamais auparavant. De janvier à août 2020, et malgré le confinement du printemps (qui a vu les concessionnaires fermer boutiques) plus de 180 000 voitures électriques ou hybrides neuves ont été vendues. On mesure le chemin parcouru en dix ans : en 2010, cinq particuliers seulement avaient opté pour une auto électrique !

Bien sûr, cette part reste encore négligeable par rapport à l’ensemble des voitures vendues sur une année en France. En 2019, plus de deux millions de véhicules ont été immatriculés sur le territoire. Même si plus de 200 000 voitures électriques s’écoulent finalement cette année, cela ne représentera donc qu’environ 10% du parc immatriculé en 2020, mais cette part est déjà non-négligeable.

Une tendance dictée par les pouvoirs publics

Toutefois, au cœur d’une année marquée par une grave crise du secteur (le marché automobile français devrait perdre 25% à 30% de ses ventes au terme de l’année, par rapport à 2019), on remarque surtout que les voitures électriques sont sur une pente ascendante comparées à leurs consœurs thermiques. À titre de comparaison, le diesel ne fait plus rouler que 3 voitures sur 10 cette année, contre 7 voitures neuves sur 10 il y a dix ans. À l’inverse, entre janvier et août, les concessionnaires avait déjà vendu 40% de véhicules électriques de plus que sur l’ensemble de l’année 2019.

Bien sûr, une telle dynamique doit beaucoup à l’action des pouvoirs publics, qui, d’un côté, imposeront dès 2040 l’interdiction des véhicules neufs équipés de moteurs thermiques, et, de l’autre, prolongent les aides et primes gouvernementales favorisant l’achat de voitures zéro émission.

Si 2020 a été décisive en la matière, c’est aussi que l’Union européenne a pour la première fois prévu de mettre à l’amende les constructeurs qui dépasseraient les plafonds d’émissions de CO2 fixés par véhicules. Par ailleurs, ce boom de l’électrique, même contraint, pourrait aussi dans les années à venir favoriser une relocalisation d’usines d’assemblage de véhicules. Renault et Peugeot sembleraient en tout cas s’y préparer, du jamais vu après un début de siècle marqué par des fabrications délocalisées.

Essayerons-nous encore nos autos dans dix ans ?

En revanche, c’est l’inverse qui pourrait être craint pour les distributeurs et concessionnaires. L’année 2020 a en effet laissé entrevoir, restrictions sanitaires obligent, comment pourrait se développer la vente en ligne dans le secteur. En plein confinement, PSA avait annoncé que ses trois marques, Peugeot, Citroën et DS auraient désormais chacune un site dédié offrant la possibilité de configurer et d’acheter son véhicule entièrement en ligne, avec même la possibilité d’être livré chez soi.

Selon PSA, les volumes de ces ventes 100% digitales pourraient bientôt représenter 10% des unités écoulées. Une évolution qui ne va pas sans faire craindre une possible réduction des réseaux de distribution, à l’image de la disparition des points de ventes physiques souhaitée de longue date par Tesla.

Difficile d’ailleurs de ne pas citer le géant américain de la voiture électrique à l’heure du bilan annuel. Tout au long de l’année, la valorisation boursière de la firme d’Elon Musk n’a cessé de grimper, pour dépasser les 500 milliards de dollars en novembre. Une performance qui fait entrer la marque dans le club des 10 plus grandes capitalisations boursières du monde.

De nouveaux acteurs déjà grands et pleins d’ambitions

Des néo-constructeurs purement électriques ont essayé d’emprunter le même chemin vers le succès (en tout cas boursier) cette année, avec des résultats significatifs : en Chine, Nio, XPeng ou encore Li Auto dépassent les 25 milliards de dollars de valorisation en bourse, c’est déjà plus qu’un acteur aussi établi que Renault, valorisé à « seulement » 13 milliards d’euros… Reste à voir si cette jeune garde tiendra la cadence dans les années à venir, mais leur succès de cette année pourrait déjà être l’annonce d’une potentielle menace pour les constructeurs traditionnels…

Au rayon des menaces, enfin, n’oublions pas les prétentions automobiles de ces géants que l’on nomme aujourd’hui GAFA. Alors que l’on attendait prochainement ces derniers sur le marché de l’assurance, il se pourrait que la décennie à venir les voit aussi se lancer dans la production de voitures autonomes. Une extension de leurs déjà trop nombreuses activités rendues bien sûr possible par leur avance technologique considérable.

De récentes confidences ont laissé entendre qu’Apple pourrait devenir très rapidement un constructeur de voitures électriques et connectées. Le projet, baptisé « Titan », a tout pour effrayer les acteurs historiques, et d’autant plus qu’il pourrait se concrétiser avant 2025. Même si l’année écoulée devrait avant tout nous inviter à la plus humble prudence.

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